« Iconique ». « Une merveille ». « Quelle beauté ! ». « C’est un coup de cœur ».
Les adjectifs dithyrambiques fusent. Les cœurs palpitent et battent la chamade. Les peaux frissonnent… À la découverte de ce tableau petit par la taille, immense par la beauté, le talent de l’artiste et la valeur !
Depuis le mardi 9 septembre, le Musée des beaux-arts nous conte une nouvelle histoire incroyable. Le Panier de fraises des bois arrive à Orléans dans une tempête d’émotions et de frissons : le plus célèbre des trésors nationaux retrouve la cité dans l’exposition événement « Les Chardin des Marcille, une passion orléanaise. » Chef-d’œuvre absolu de Jean-Siméon Chardin, considéré comme le plus beau tableau français, l’œuvre gourmande a fait partie de la mythique collection de l’Orléanais François Marcille (1790-1856). Il fut le plus grand collectionneur de Chardin et il a transmis sa passion, avec ses trente tableaux du maître, à ses fils Camille et Eudoxe qui fut de 1870 à 1890 le grand directeur du musée d’Orléans.
Pendant des décennies, le tableau était tout près d’Orléans, dans une maison de Chécy. Après avoir été bloqué en douane en étant reconnu comme trésor national, il vient d’être acquis par le Musée du Louvre pour une somme record de 24,3 millions d’euros - estimé au départ à 10 millions - grâce au mécénat LVMH et à une mobilisation historique de 10 000 donateurs. Une histoire rocambolesque digne d’un scénario de film. Rarement une œuvre, considérée par les plus grands spécialistes comme « le plus beau tableau du monde », n’aura autant attisé les passions, les fantasmes.
Une passion orléanaise
Pendant quelques mois, le joyau est présenté à Orléans, accompagné d’autres tableaux incroyables issus de la mythique collection des Marcille. Un retour au bercail sensationnel permettant de parler du rôle considérable de la famille Marcille. François Marcille, pur Orléanais, grand découvreur du 18e siècle, « est le premier qui a acheté les Fragonard, les Boucher, les Greuze, les Prud’hon, les Chardin que personne ne voulait à l’époque, souligne Olivia Voisin, directrice des musées orléanais. Il possédait 30 Chardin ! C’était le plus grand collectionneur de Chardin de tous les temps. » Ce tableau est chez lui à Orléans : « Chardin y est d’ailleurs souvent venu afin de rendre visite à son ami Aignan-Thomas Desfriches. »
Présenté pour la première fois depuis sa restauration, le tableau est particulièrement bien accompagné. A ses côtés, l’on retrouve plusieurs tableaux culte provenant de la collection Marcille : La Fontaine actuellement en dépôt au musée, autre grand chef-d’œuvre de Chardin ; la Nature morte à la côtelette prêtée par le Musée Jacquemart-André, la Nature morte au chaudron du Musée de Picardie, et deux tableaux encore dans la famille : l’esquisse de L’Économe et une imitation de bas-relief, Huit enfants jouant avec une chèvre. A ceux-là s’ajoutent l’Autoportrait aux bésicles, joyau des collections d’Orléans, où l’on voit l’artiste arborer un foulard que commercialisait son ami Desfriches à Orléans. Des œuvres à la poésie et au raffinement exquis, avec ces fraises totalement subjuguantes et éblouissantes, qui régaleront le cœur des Orléanais et dont ils pourront profiter sans la horde de monde habituelle au Louvre. Une chance extraordinaire.
Chardin sera plus que jamais chez lui cette saison au musée d’Orléans !