Moustique tigre
Eau et fortes chaleurs, le combo parfait pour la prolifération du moustique tigre. Présent quasiment partout en France, il est responsable de la transmission de maladies graves comme le chikungunya. Un cas a d’ailleurs été détecté, en septembre 2025, à Orléans.
En bref …
Le moustique tigre, originaire d'Asie, s'est installé dans la métropole d'Orléans depuis 2020. Cet insecte sédentaire évolue dans un rayon d'environ 150 mètres autour de son lieu de naissance. De taille minuscule – un tiers d'une pièce d'un centime d'euro –, il vit de 4 à 6 semaines et reste actif d'avril à novembre.
Contrairement au moustique commun, nocturne et bruyant, le moustique tigre sévit silencieusement en pleine journée. Sa capacité de reproduction est impressionnante : dans des conditions optimales, la femelle peut pondre jusqu'à 200 œufs tous les 4 jours. Particularité importante : ses œufs résistent à l'hiver en entrant en diapause, puis éclosent au printemps suivant.
Son mode d'action
Lorsqu’un moustique tigre pique une personne porteuse du virus (dengue, chikungunya, zika), il peut transmettre le virus – après seulement 2 à 3 jours d’incubation – en piquant d’autres personnes et favoriser ainsi, la survenue d’une épidémie. Il ne pique pas pour s’alimenter mais pour permettre le développement des oeufs ; les femelles prélèvent pour cela du sang, suite à l’accouplement.
Le bon geste : le priver d'eau !
Les femelles pondent leurs œufs dans de faibles quantités d’eau - un bouchon peut suffire ! - et dans toutes sortes de récipients ou réservoirs contenant de l'eau : pots, bâches, récupérateurs d’eau de pluie, jeux de plage laissés dans le jardin, amas de feuille, pneus, matériel de travaux... En supprimant ou en vidant tous les endroits et objets pouvant retenir l’eau de pluie, on empêche le moustique tigre de pondre et de proliférer. Pensez également à vérifier le bon écoulement au niveau des regards d’eau de pluie. Astuces : le sable dans la soucoupe des pots de fleurs permet de retenir l’eau pour la plante mais empêche le moustique de pondre. Un voile ou un simple tissu sur les réservoirs (bidon, citerne…) lui barre le chemin vers l’eau.

Questions à ...
Guillaume Lacour docteur en entomologie médicale, responsable R&D de Altopictus spécialisé dans la surveillance et la lutte contre le moustique tigre.
Quelles mesures sont actuellement prises pour lutter contre le moustique tigre en France ?
Il faut bien distinguer deux volets : sanitaire et préventif. Le premier relève des agences régionales de santé, chargées de gérer le risque vectoriel. La surveillance entomologique leur permet de mesurer à quel point le moustique diffuse dans une région, et d’apporter une réponse lorsque le virus est importé sur une zone et qu’il y a un risque avéré, probable ou réel, de transmission. Les collectivités, elles, interviennent en matière d’information et de prévention. Cette répartition des missions est fixée dans le décret n°2019-258 (29 mars 2019).
L’habitant peut-il agir à son niveau ?
Le moustique tigre a une écologie particulière ; il se développe dans des récipients créés par l’homme. Donc, oui, l’habitant peut agir en vidant tous les récipients qui se trouvent dans son jardin, son balcon, sa terrasse, et en faisant en sorte de lui interdire l’accès à l’eau. C’est le geste le plus efficace pour éviter la prolifération du moustique tigre.
La nature nous offre-t-elle aussi des alliés ?
Le moustique tigre n’a pas de prédateur naturel spécifique. On entend souvent parler des chauves-souris, sauf que la chauve-souris est nocturne et le moustique tigre, diurne, les deux ne savent même pas que l’autre existe ! Même chose pour les hirondelles qui n’ont pas d’espace dans nos jardins pour voler au ras du sol et capturer le moustique tigre – il vole très bas, entre 0 et 1 mètre.
Deux espèces ont néanmoins une efficacité prouvée : la fourmi, capable de manger les œufs collés sur les rebords des récipients qui se trouvent sur son passage. Et le copépode, un minuscule arthropode aquatique qui se nourrit du premier stade larvaire de moustique tigre. Mais il y a des limites car le copépode ne survit pas à l’assèchement du gîte, à l’inverse des oeufs de moustique tigre.
Quel(s) facteur(s) a favorisé sa propagation en métropole ?
Le premier facteur, c’est l’homme, qui lui offre le gîte et le couvert! À l'origine, le moustique tigre pondait dans des bambous coupés des forêts tropicales d’Asie du Sud-Est. Il s’est adapté pour pondre dans des récipients artificiels créés par l’homme. L’homme a transporté ces récipients contenant des oeufs de moustique tigre invisibles à l’oeil nu, d’un continent à l’autre. La population qui s’est développée en France trouve son origine à Gênes (Italie), en 1990, dans des pneus usés en provenance des États-Unis. Le même phénomène s’opère à l’échelle locale, quand on déménage et qu’on transporte des récipients d’une région à l’autre, ou lorsqu’on est en vacances dans un endroit colonisé par le moustique tigre. Une femelle de moustique tigre s’introduit dans votre voiture, voyage avec vous des kilomètres, avant de sortir pour aller pondre. Voilà comment l’on favorise la dispersion et la propagation du moustique tigre !
Comment enrayer le processus alors ?
La base de toute stratégie de lutte efficace est de vider les récipients dans lesquels les larves se développent, ça change tout ! Il existe aussi des pièges mais il faut être vigilant sur l’efficacité. On peut aussi procéder à des lâchers de mâles stériles comme c'est le cas actuellement à Brive-la-Gaillarde et à Montpellier. C’est une méthode sans impact sur les autres espèces et qui consiste à lâcher 10 fois plus de mâles stériles que de mâles sauvages dans une zone. Cela fonctionne grâce à la biologie un peu particulière du moustique tigre chez qui seul le premier accouplement est efficace. La femelle qui s’accouple avec un mâle stérile va ainsi pondre toute sa vie des oeufs non fécondés ; il n’y aura donc pas de descendance…
A quelle échelle est il efficace d’agir ?
La plupart des gens attendent une action de la collectivité alors que 80 à 90% des moustiques tigres naissent dans les jardins des particuliers. L’échelle efficace est donc le pâté de maisons ou le quartier, c’est ce qu’on appelle la lutte communautaire. La commune peut aider en informant, en réalisant des actions en porte-à-porte pour montrer les bons gestes. C’est une stratégie à conduire sur plusieurs années et qui produit des résultats .