Vingt et une photographies exposées dans une scénographie pure et naturelle qui sied majestueusement à la Collégiale. Tout est question d’équilibre dans la nouvelle exposition, « Un voyage merveilleux », présentée par la Mairie d’Orléans. Pendant ses trente années de pratique, Denis Darzacq n’a eu de cesse d’interroger la question du vivre ensemble et d’inscrire, de façon presque obsédante, les corps dans l’espace citadin. Des corps mouvants, dans des postures souvent inhabituelles, défiant les lois de l’apesanteur, les lois de la nature. Des mouvements, des attitudes donnant lieu à des questions métaphoriques et traduisant l’accomplissement de soi-même.
« Mes photographies sont politiques, confie l’artiste. Elles symbolisent le fait d’être actif, acteur de sa vie. J’ai choisi de donner la place aux minorités ethniques, sexuelles, atteintes de handicaps psychiques ou physiques, aux personnes invisibles. Ce qui m’intéresse c’est de se demander comment des images peuvent t’amener à une réflexion politique, philosophique sur notre vie à tous. »
Dans l’écrin de la Collégiale, des photographies des séries Ensembles, La Chute, Hyper, Act 1 et Act 2, sont exposées sans hiérarchie ni distinction, toutes ces images parlant en définitive de la même chose.
Denis Darzacq invente pour chacune de ses rencontres une forme spécifique de mise en scène, de décor. « Nous sommes tous au théâtre, nous dit-il en nous montrant différentes photos qui égrènent le parcours. Chacun joue un rôle ».
Avec Ensembles (1995-2000), l’artiste inaugure sa réflexion sur le libre arbitre et photographie la chorégraphie des individus dans l’espace urbain. Réalisée après les émeutes de 2005, La Chute (2006) saisit des jeunes issus de milieux populaires l’instant d’un saut, tels des « marcheurs de l’air ». Hyper (2007-2010) interroge la place de chacun dans la société de consommation. « La photographie questionne, n’apporte jamais de réponse. »Acte 1 montre des jeunes en situation de handicap qui prennent leur vie en main, manifestent un désir d’avancer. « L’image devient un acte militant, d’activisme, révèle Denis. C’est presque une exigence démocratique. Chaque voix compte. » Dans Act 2, les corps considérés comme les plus empêchés deviennent ici les modèles des danseurs classiques de l’Opéra de Paris. La bascule est opérée, la boucle est bouclée, les frontières sont renversées. C’est l’effet Denis Darzacq.
Dans ce cadre géant qu’est la Collégiale, le « Je » devient « Nous ». On dénote la présence de chaque un dans la multitude. En découle un précieux dialogue entre le travail de Denis Darzacq et la bâtisse millénaire qui dialoguent en toute harmonie. Une quête silencieuse et une introspection que pourra goûter le visiteur tout au long de l’été.
Un voyage merveilleux
Denis Darzacq - Photographies
Commissariat : Agence VU’
Collégiale Saint-Pierre-le-Puellier
Jusqu’au dimanche 24 août 2025
Renseignements du mardi au samedi de 14h à 18h : 02 38 79 24 85
Ouverture du mardi au dimanche de 14h à 18h, fermeture les lundis et jours fériés