Les lumières s’éteignent, il y a du frisson dans l’air… Ce soir du 17 mai au Théâtre d’Orléans, le spectateur se sent bien, à sa place. Lever de rideau. Les flashs crépitent sur le plateau. Le sourire aux lèvres, des étoiles dans les yeux, Christophe Lidon, directeur du CADO (Centre National de Création Orléans - Loiret) s’apprête à dévoiler sa prochaine saison et remercie le public pour sa fidélité. « Merci d’être encore là. Il n’y a qu’ici, avec le spectacle vivant que les vibrations peuvent être puissantes, éternelles, partagées. Je me trouve dans la cache de scène qu’on appelle la boîte noire. Elle me fait penser à la toile blanche du peintre. Ici, on fabrique du rêve, on fait vivre et vibrer le plateau du théâtre, on rend le spectateur heureux et on le comble d’émotions ! »
La dolce vita. C’est ainsi que Christophe Lidon a imaginé sa saison 2022-2023, remplie de joie, d’émotions, de rires, de larmes aussi, de rencontres, de plaisirs partagés à l’image de la vie, du tourbillon de la vie. La présentation des spectacles à venir est un rendez-vous auquel le directeur du CADO tient beaucoup, un « pacte » avec le public qui peut ainsi découvrir les metteurs en scène et les comédiens qui accompagneront leurs rêves dès la rentrée prochaine.
Premier spectacle en vue, Brexit Sentimental, comédie romantique et petit joyau d’humour anglais mis en scène par Christophe Lidon. Les comédiennes Mélanie Page et Clémence Thioly font sensation en apparaissant sur scène. « C’est passionnant pour moi car c’est la première fois que je joue le rôle d’une anglaise et que je peux développer une partie de moi-même », sourit Mélanie, née d’un père anglais et d’une mère australienne. Sur fond de Brexit, un couple de français et un couple d’anglais - quatuor tout en énergie et en truculence - sont amenés à passer une soirée ensemble. « La pièce oscille entre émotion, profondeur des sentiments, mais aussi cet humour anglais qui est débridé, rock, sans limite », précise Mélanie Page. De quoi commencer la saison sur les chapeaux de roue !
Probablement l’un des temps forts de la saison à venir, une véritable prouesse artistique. A la fois charismatique et timide, lumineux et humble, voici Richard Anconina, venu parler du thriller haletant Coupable. C’est votre première fois au théâtre et vous avez choisi l’exceptionnel lui dit Christophe Lidon. « J’ai choisi comme pour le cinéma, révèle le comédien. Quand une histoire me saisit, j’ai envie de la raconter. Je pensais que je n’avais pas la voix pour faire du théâtre, qu’il serait difficile d’apprendre de longs textes… Mais à la seconde où j’ai fini la lecture de Coupables, j’ai su, j’ai compris que je ne dirais pas non, que j’attendais ça. » Jouée avec succès depuis 8 mois à Paris, tiré d’un film qui a fait sensation, ce huis clos théâtral raconte la nuit d’un policier, sur le fil du rasoir, qui répond à un coup de fil du 17. Une femme en pleurs finit par lui raconter qu’elle a été kidnappée et se trouve dans le coffre d’une voiture. Il va tout faire pour la sauver… Pendant 1h25, le spectateur a l’impression d’être dans le commissariat avec lui, d’être dans l’histoire, il ressent tout de manière vertigineuse. « Il n’y a pas un jour où je n’ai pas envie de jouer cette pièce. Je vais avoir envie à Orléans ! ».
On a hâte !
Le CADO + propose des spectacles plus intimes, avec un public plus proche et complice. L’occasion de découvrir une belle personne, Jean-Jacques Vanier, héros - malgré lui - de La Contrebasse. Cette pièce écrite par Patrick Süskind, mythique auteur du roman Le Parfum, fut jouée par le passé par le regretté Jacques Villeret. « Je me suis toujours senti une affinité avec lui, de sa famille, se livre le comédien qui manie la gêne, la maladresse avec grâce et poésie. Cette pièce ne pouvait que me parler ». Porté par un clown triste et gai à la fois, le texte parle de cette relation unique, entre amour et haine, avec l’instrument de musique. « J’ai travaillé sans écarter cette charge comique qui est en moi. Cette encombrante contrebasse le contrarie dans sa vie, ses passions, son métier-même, c’est ça qui est passionnant. »
Dernière pièce présentée ce soir, Belles de scène, qui transporte le spectateur en 1661 à Londres. Après 18 années de fermeture imposée par les puritains, les théâtres rouvrent mais la loi interdit toujours aux femmes d’être sur scène. Jusqu’au jour où… Le metteur en scène Stéphane Cottin et sa comédienne Sophie Tellier donnent envie de voir ce spectacle shakespearien : « C’est en costumes, les planches brûlent, c’est une histoire de théâtre dans le théâtre. Un souffle se dégage de ce texte qui emporte tout sur son passage ! » On sent combien le metteur en scène aime le théâtre de troupe mêlée à une écriture extrêmement contemporaine.
C’est cette magie du théâtre qui nous donne envie de découvrir des spectacles avec notre âme d’enfant. Le CADO arrive à nous l’apporter d’année en année. Pour clore cette soirée pleine de rêve et de paillettes, un spectacle surprise d’Alex Jaffray, humoriste, compositeur et chroniqueur télé, vient ravir les spectateurs qui n’ont plus qu’une envie, retourner au théâtre encore et encore pour faire partie de cette grande fabrique à rêves.