Loire Art Show 2025

Une immersion totale. Un voyage hors du temps et hors du monde. Dès la descente de l’escalier, et l’accueil avec des sapins colorés, une nuit étoilée et une boutique de Noël XXL rouge comme la tenue du Père Noël, le ton est donné ! Avec cette 7^e édition du Festival des arts urbains, le visiteur va en prendre plein les yeux et vivre toute une kyrielle d’émotions. Il faut dire que sous la houlette de l’association Sacrebleu, directrice artistique du Loire Art Show, organisé par la Mairie d’Orléans, les seize artistes venus de France et du monde entier s’en sont donnés à cœur joie dans une explosion de couleurs, de formes et de matières, transformant le sous-sol des Halles Châtelet - l’ancien bâtiment des Galeries Lafayette Homme - en immense terrain de jeu pop et acidulé. 

Deux salles, deux ambiances

Contrairement aux précédentes éditions un brin labyrinthiques, le bâtiment brut et ultra compact de 2000 m² revêt un aspect très muséal. Ce 7^e opus, par la grâce d’un lieu pratiqué par les Orléanais durant plusieurs générations, se transforme en musée, en grande exposition. Les murs et les sols recouverts de peintures - fresques, installations, interventions graphiques - donnent l’impression de mini mondes qui s’entrechoquent et dialoguent entre eux. A gauche en descendant l’escalier, se dévoile un espace lumineux avec une palette réduite mêlant le rouge et l’aubergine, une « contrainte » donnée aux artistes qui ont relevé le défi haut la main, ravis de sortir de leur zone de confort. Le pixel art pop et naïf de l’allemand DXTER, l’arbre sacré rouge vif du Mexicain Mazatl, les monochromes chargés d’histoires et le savoir-faire réaliste du basque Pablo Astrain, l’installation très années 80 façon Goonies des Enfants sauvages semblent connectés, en symbiose, alors même que chaque artiste conserve une identité, une écriture, un geste particulièrement identifiable. Pour faire le lien avec la suite du parcours, voici venu un artiste unique en son genre, Alexis Dandreis, l’un des tout derniers néonistes en France qui maîtrise le verre tel un souffleur de verre, le gaz tel un chimiste. Ses néons distillent du merveilleux dans ce Loire Art Show qui décidément n’a pas fini de nous surprendre et a plus d’un tour dans sa hotte !

De l’autre côté de la boutique, c’est une salle à l’ambiance plus sombre et mélancolique qui (ac)cueille le public ! Gregory Banas, illustrateur et artiste peintre qui a collaboré récemment avec Agnès b., régale nos pupilles avec un foisonnement de couleurs qui se percutent et se fondent les unes dans les autres, tandis que le Mexicain Uneg déploie ses personnages fantastiques et psychédéliques à la croisée du pop art et de l’illustration, et que le Polonais DIMA nous étonne avec un pointillisme nous transportant dans une 4^e dimension. Missy, elle, puise son inspiration dans la nature et le voyage, jouant des contrastes et des nuances chromatiques avec ce bestiaire d’oiseaux fantastiques. Un peu plus loin, Koye, passé du graffiti à une approche plus onirique, nous foudroie avec ses figures humaines dans une sorte de BD déstructurée et poétique. Autre artiste originaire du graffiti et installé à Orléans, Enora peint à l’acrylique, son style singulier, oscillant entre réalisme, caricature et abstraction, traduit une forme de mélancolie introspective qu'il revendique comme un exutoire créatif. Un véritable uppercut artistique. Dans un espace totalement épuré, antre étrange et magique, les Orléanais Onie, dans une conversation entre noir et blanc, entre sculpture et peinture, et Guillaume Garrié, avec sa forêt habitée par d’énigmatiques silhouettes, appelée des « guetteurs », séduisent et hypnotisent. 

Au cœur de la pièce, dialoguent en majesté Speedy Graphito et Lady M – qui viennent de réaliser l’actuel Mur Orléans sur la façade du cinéma Les Carmes. Outre ses panneaux très graphiques détournant des images de notre culture populaire, Speedy Graphito, infatigable explorateur des multiples facettes de l’art, a aussi réalisé une installation en bois colorée et évidée. Autour de lui, Lady M explore l’art optique avec gourmandise dans un style vibrant et coloré.

Une fois la visite terminée, comme dans un réveil éveillé, on en croit à peine nos yeux tant la féérie et la magie ont été au rendez-vous. Un nouveau tour s’impose ? 

Emilie Cuchet

Le Loire Art Show transforme des lieux ordinaires en espaces artistiques extraordinaires. Chaque édition réinvente un site inattendu, révélant la ville sous un jour nouveau.

Parcours des éditions :

• 2017 : L’hôpital Porte-Madeleine, où des couloirs endormis s’animent de couleurs.
• 2018 : La Vinaigrerie, espace industriel transformé en atelier créatif.
• 2019 : Le collège Anatole-Bailly, où les salles de classe deviennent des fresques et installations.
• 2021 : Le complexe du Baron, avec un parking et une patinoire convertis en scène artistique.
• 2022 : La piscine du Palais des Sports, vidée pour une immersion artistique.
• 2023 : L’ancien collège Jean Rostand, réinventé en laboratoire créatif avec des artistes locaux et internationaux.
• 2025 : L’aventure se poursuit dans les sous-sols des Halles Châtelet, un espace quotidien transformé en univers imaginaire.