En ce vendredi matin, les Turbulences sont en ébullition. Des dizaines d’élèves de moyenne section, grande section et CP des écoles Bastié Boucher et Jean Mermoz, du quartier des Blossières, s’affairent à monter des structures multicolores et installer des objets qu’ils ont spécialement créés en classe cette semaine. L’esprit est à la joie et la bonne humeur. Les enfants admirent leur œuvre et tournent inlassablement autour, avec fierté et des paillettes dans les yeux.
Depuis l’arrivée de Christelle Kirchstetter à la tête du Frac Centre-Val de Loire depuis le 1er janvier 2025, un vent nouveau souffle sur ce lieu de découverte et de convivialité qui propose aux visiteurs, petits et grands, un programme d’expositions et un programme culturel autour des relations entre art, architecture et design. Sa proposition avec son projet « Habiter demain », conçu depuis la collection d’art et d’architecture pensée comme un patrimoine vivant et une ressource pour éclairer le présent et inventer l’avenir : faire du Frac un endroit guidé par des valeurs de sobriété, d’hospitalité, de coopération, d’ouverture et de transparence. Un laboratoire vivant, ouvert sur son territoire comme sur le monde.
En droite ligne de cette volonté d’ouverture, de cette notion de collectif, le Frac a inauguré il y a quelques mois l’exposition « Des villes pour vivre, Yona Friedman », visible jusqu’en mars 2026. L’une des œuvres majeures de l’artiste est le « Le Musée sans bâtiment », musée sans porte, sans mur, et sans toit, conçu à l’aide de cerceaux qui servent de support à des créations déposées par les personnes participantes : œuvres graphiques, objets, collages, photographies… « J’ai réalisé que le travail de Yona Friedman, dont nous possédons la troisième collection au monde, était considéré par beaucoup comme élitiste, raconte Christelle Kirchstetter. Or au contraire, je voulais démontrer qu’elle est visionnaire et que l’artiste dès les années 50 s’est engagé dans une pratique écologique et de sauvegarde de la démocratie. Il a voulu créer du lien social et du vivre ensemble. » Des messages qui résonnent intimement avec notre époque actuelle. L’équipe du Frac a ainsi eu l’idée de proposer aux publics de participer à cette œuvre et de réaliser leur propre « Musée sans bâtiment » temporaire. Une manière de tisser un lien fort entre le lieu culturel et la ville.
La première activation a été réalisée par la Direction de la culture de la Région Centre-Val de Loire lors de l’ouverture de l’exposition, le 18 septembre dernier. Une seconde activation a eu lieu à l’occasion des Journées nationales de l’architecture (18–19 octobre), cette fois-ci par le grand public. Ce sont aujourd’hui une centaine d’enfants du quartier des Blossières, dans le cadre du « Jumelage Quartier de Culture », qui se sont emparés avec joie de la proposition. « C’est un projet qui parle de nous, on peut l’activer, on peut agir, on peut être acteurs, souligne la directrice. On voit combien aussi pour transformer le monde et nos habitudes, il est précieux de valoriser la force de l’imaginaire ». Totalement investis et dans une totale liberté créative, les enfants ont passé la matinée du vendredi 19 septembre à décorer la structure avec leurs dessins et leurs créations, avant une présentation au public le soir même.
La dernière activation sera menée par un groupe de 15 à 20 étudiants de l’ESAD d’Orléans. Elle sera inaugurée le 6 février et restera visible jusqu’à la clôture de l’exposition, le 1er mars. L’aventure ne fait que commencer !
Emilie Cuchet
Infos :
www.frac-centre.fr/evenements/visite-et-activation-du-musee-sans-batiment/
L’exposition :
www.frac-centre.fr/expositions/des-villes-pour-vivre-yona-friedman/
