« Rendre hommage au plus grand de tous nos chefs d’Etat est un immense honneur » - Serge Grouard, maire d’Orléans, président d’Orléans Métropole
« 12 novembre 1970. La Boisserie, Colombey les deux Eglises. Porté par un véhicule blindé qui avance au pas. Grandiose et simple à la fois. Charles de Gaulle nous quittait, en même temps qu’il finissait d’entrer dans la grande Histoire de France. Cette image, je l’ai en tête depuis l’enfance. Comme une marque indélébile, je l’ai revue à Colombey, dans la pénombre du Mémorial.
Pour moi, maire d’Orléans et Français, rendre hommage au plus grand de tous nos chefs d’Etat est un immense honneur. Merci à la Fondation de la France Libre d’en avoir été l’initiatrice. Merci Monsieur le président du Sénat pour votre participation qui nous honore. Merci à l’Amicale gaulliste du Sénat. Merci à l’ensemble des acteurs et partenaires, et aux descendants du Général de Gaulle. Merci à l’artiste, Mathieu Gaudric, dont le talent a su magnifiquement conjuguer la puissance du chef et l’humanité de l’homme. Merci à chacune, à chacun d’entre vous pour votre présence, qui a la marque du respect, de l’admiration et de la gratitude.
Ici, sur cette place éponyme, Charles de Gaulle, képi bas, regarde Marianne, dans la perspective de la Cathédrale Sainte-Croix, et devine Jeanne d’Arc, sur la place du Martroi. Jeanne d’Arc, Marianne, Charles de Gaulle, voici la grande Histoire de France réunie, ici, à Orléans. Quoi de plus évident ! De Gaulle, l’homme du 18 Juin, bien sûr, entouré de ses compagnons ; celui qui, seul ou presque, a dit non à l’inacceptable et a porté à bout de bras l’honneur perdu d’une France vaincue. Grâce à vous mon Général, grâce à vous Jean Moulin, grâce à vous Colonel Moore, et à tous les autres des forces françaises libres et de l’armée des ombres, l’enfant que j’ai été n’a pas eu honte, et grâce à vous l’homme que je suis devenu, peut être fier d’être Français.
Parce qu’il y eut la résistance face à la collaboration, la grandeur face à la médiocrité, l’honneur face au déshonneur. Cela n’a pas de prix. Par la suite, Monsieur le Président, votre œuvre sera gigantesque. La France puissante, respectée et prospère des années 60 éclipse la France instable, fragile et ridicule des années 50. Visionnaire, Charles de Gaulle est d’abord l’incarnation raisonnée du sens intuitif et profond de l’Histoire. Il est ensuite l’expression sans concession d’une éthique politique qui contraste singulièrement avec la traditionnelle médiocrité de l’opportunisme, exprimant ainsi ce que doit être l’individu au service de l’Etat et d’une certaine idée de la France.
De Gaulle, finalement, donnera raison à Bernanos lorsque celui-ci aurait affirmé : « Aux pires moments des accords funestes de Munich, nous croyons qu’il y a un honneur de la politique. » La vision privilégie alors ce qui doit être et non ce qui est, s’extraire du présent pour voir loin. Au bout du compte, elle est la seule capable d’élever l’âme, d’harmoniser dans une unique volonté l’espérance et la contrainte, l’idéal et le réel, et de concilier un humanisme pudique avec le sens le plus élevé de l’Etat. Le Gaullisme, c’est ça.
« La France est veuve » avait dit Pompidou, en 1970. Elle l’est toujours. Le temps s’est écoulé, la mémoire reste, la nostalgie vient, l’admiration s’est faite unanime, et de Gaulle nous invite à l’espérance. Parce qu’en 1940, tout était foutu. Et qu’en 1945, tout était possible. Parce qu’en 1958, la France était au plus bas et que 10 ans plus tard, elle était au plus haut. Parce qu’aujourd’hui, la France va mal, parce que j’enrage devant la déliquescence de notre pays, la médiocrité des réponses et l’incurie de ceux qui les portent.
Alors, il faut une fois de plus que se lève le vent du redressement, sous le sceau de l’honneur, du bon sens et de l’intérêt supérieur de la Nation, avec cette même inspiration qui rassemble l’Etendard de Jeanne d’Arc et la Croix de Lorraine.
Mes chers amis, aujourd’hui ne doit pas être une simple inauguration teintée de nostalgie. Aujourd’hui est un nouvel appel ; appel, pour une fois encore, à l’espoir pour le redressement de la France. Pour la France elle-même, celle qui se bat, la seule qui vaille, l’unique France, c’est-à-dire, la France éternelle. Merci mon Général et vive la France ! »