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      Institutionnel , Centre

      le 08/05/2025

      L’Appel, à jamais gravé dans l’histoire d’Orléans

      8 mai 2025, une date historique et symbolique pour donner à découvrir l’œuvre érigée en mémoire du Général de Gaulle et des Orléanais libres. L’Appel a été inauguré place de Gaulle, en présence de Serge Grouard, maire d’Orléans, du Général Robert Bresse, président de la Fondation de la France Libre, et de Gérard Larcher, président du Sénat.

      Crédit : J.Grelet

      Suite à la commémoration des 80 ans de la Victoire, l’œuvre mémorielle L’Appel, sculpture en bronze et pierre de comblanchien, signé du sculpteur Mathieu Gaudric, a été inauguré, place de Gaulle, à Orléans. Pour rappel, ce projet est porté depuis 2021 par la Fondation de la France libre, avec le soutien de la Mairie d’Orléans, dans l’objectif de rendre hommage au Général de Gaulle et aux 182 Orléanaises et Orléanais libres qui se sont engagés pour suivre la « voie » de l’appel du 18 juin.

      Cette œuvre d’une hauteur de 4 mètres représente le Général de Gaulle, en uniforme, tenant son képi dans la main droite, le regard droit vers l’horizon et son destin. La longue silhouette repose sur un socle en pierre marbrière sur lequel sont gravés de manière circulaire, les noms des 182 Françaises et Français libres d’Orléans, pour rappeler les ondes radiophoniques de la BBC et de la rosace de la Cathédrale Sainte-Croix, située dans l’alignement.

      Un public nombreux et des personnalités étaient présentes, ce 8 mai 2025, à 11h, place De Gaulle, pour partager ce moment fort et symbolique, parmi lesquelles Gérard Larcher, président du Sénat, et des descendants du Général de Gaulle.

      « Rendre hommage au plus grand de tous nos chefs d’Etat est un immense honneur » - Serge Grouard, maire d’Orléans, président d’Orléans Métropole

      « 12 novembre 1970. La Boisserie, Colombey les deux Eglises. Porté par un véhicule blindé qui avance au pas. Grandiose et simple à la fois. Charles de Gaulle nous quittait, en même temps qu’il finissait d’entrer dans la grande Histoire de France. Cette image, je l’ai en tête depuis l’enfance. Comme une marque indélébile, je l’ai revue à Colombey, dans la pénombre du Mémorial. 

      Pour moi, maire d’Orléans et Français, rendre hommage au plus grand de tous nos chefs d’Etat est un immense honneur. Merci à la Fondation de la France Libre d’en avoir été l’initiatrice. Merci Monsieur le président du Sénat pour votre participation qui nous honore. Merci à l’Amicale gaulliste du Sénat. Merci à l’ensemble des acteurs et partenaires, et aux descendants du Général de Gaulle. Merci à l’artiste, Mathieu Gaudric, dont le talent a su magnifiquement conjuguer la puissance du chef et l’humanité de l’homme. Merci à chacune, à chacun d’entre vous pour votre présence, qui a la marque du respect, de l’admiration et de la gratitude. 

      Ici, sur cette place éponyme, Charles de Gaulle, képi bas, regarde Marianne, dans la perspective de la Cathédrale Sainte-Croix, et devine Jeanne d’Arc, sur la place du Martroi. Jeanne d’Arc, Marianne, Charles de Gaulle, voici la grande Histoire de France réunie, ici, à Orléans. Quoi de plus évident ! De Gaulle, l’homme du 18 Juin, bien sûr, entouré de ses compagnons ; celui qui, seul ou presque, a dit non à l’inacceptable et a porté à bout de bras l’honneur perdu d’une France vaincue. Grâce à vous mon Général, grâce à vous Jean Moulin, grâce à vous Colonel Moore, et à tous les autres des forces françaises libres et de l’armée des ombres, l’enfant que j’ai été n’a pas eu honte, et grâce à vous l’homme que je suis devenu, peut être fier d’être Français. 

      Parce qu’il y eut la résistance face à la collaboration, la grandeur face à la médiocrité, l’honneur face au déshonneur. Cela n’a pas de prix. Par la suite, Monsieur le Président, votre œuvre sera gigantesque. La France puissante, respectée et prospère des années 60 éclipse la France instable, fragile et ridicule des années 50. Visionnaire, Charles de Gaulle est d’abord l’incarnation raisonnée du sens intuitif et profond de l’Histoire. Il est ensuite l’expression sans concession d’une éthique politique qui contraste singulièrement avec la traditionnelle médiocrité de l’opportunisme, exprimant ainsi ce que doit être l’individu au service de l’Etat et d’une certaine idée de la France. 

      De Gaulle, finalement, donnera raison à Bernanos lorsque celui-ci aurait affirmé : « Aux pires moments des accords funestes de Munich, nous croyons qu’il y a un honneur de la politique. » La vision privilégie alors ce qui doit être et non ce qui est, s’extraire du présent pour voir loin. Au bout du compte, elle est la seule capable d’élever l’âme, d’harmoniser dans une unique volonté l’espérance et la contrainte, l’idéal et le réel, et de concilier un humanisme pudique avec le sens le plus élevé de l’Etat. Le Gaullisme, c’est ça. 

      « La France est veuve » avait dit Pompidou, en 1970. Elle l’est toujours. Le temps s’est écoulé, la mémoire reste, la nostalgie vient, l’admiration s’est faite unanime, et de Gaulle nous invite à l’espérance. Parce qu’en 1940, tout était foutu. Et qu’en 1945, tout était possible. Parce qu’en 1958, la France était au plus bas et que 10 ans plus tard, elle était au plus haut. Parce qu’aujourd’hui, la France va mal, parce que j’enrage devant la déliquescence de notre pays, la médiocrité des réponses et l’incurie de ceux qui les portent. 

      Alors, il faut une fois de plus que se lève le vent du redressement, sous le sceau de l’honneur, du bon sens et de l’intérêt supérieur de la Nation, avec cette même inspiration qui rassemble l’Etendard de Jeanne d’Arc et la Croix de Lorraine. 

      Mes chers amis, aujourd’hui ne doit pas être une simple inauguration teintée de nostalgie. Aujourd’hui est un nouvel appel ; appel, pour une fois encore, à l’espoir pour le redressement de la France. Pour la France elle-même, celle qui se bat, la seule qui vaille, l’unique France, c’est-à-dire, la France éternelle. Merci mon Général et vive la France ! »

      « Sortir de l’ombre les soutiers de la gloire » - Général Robert Bresse, président de la Fondation de la France Libre

      « Ce qui a donné la fondation de la France Libre, à Orléans, comme dans d’autres lieux, est directement issu d’une réflexion entamée en 2018, après les célébrations du 100e anniversaire de la Grande Guerre. Une fois la très belle cérémonie et les drapeaux repliés, la mémoire cède la place à l’histoire. Et il est fort probable que dans quelques décades, certaines de nos charmantes petites têtes blondes auront du mal à placer la 2e Guerre mondiale, entre la guerre de Cent-Ans et celle de Sept Ans !

      Le 2e constat, ce sont certaines frustrations ressenties ici et là. Nous sommes toujours un peu marqués par le jacobinisme, le côté un peu trop centraliste et parisien des célébrations. C’est à partir de cette réflexion que nous avons demandé à nos 70 délégations locales de travailler à sortir de l’ombre et à remémorer non pas les têtes de série, les premiers de cordées, mais les « soutiers de la gloire » comme ils s’appelaient eux-mêmes. C’est-à-dire ces hommes et ces femmes qui ont tout quitté, généralement très jeunes, à 18-19 ans, qui ont été déchus de la nationalité française, condamnés à l’indignité nationale et pour certains, à mort par contumace, pour rejoindre l’homme de l’Appel du 18 Juin. 

      Puis, la guerre gagnée, l’honneur retrouvé, ils sont rentrés modestement chez eux et ils ont repris leur vie au quotidien. C’est pour les sortir de l’ombre que nous avons entrepris ce travail un peu partout (…) A Orléans, il a permis d’identifier 182 Orléanais - ce qui n’est pas rien - et en regardant de plus près le travail de l’équipe d’Etienne Jacheet et de la délégation du Loiret, j’ai découvert trois maires d’Orléans. D’où l’idée de rappeler à tous, ces 182 braves sur une stèle, avec un signal par-dessus. Et quel autre signal que celui du général de Gaulle, avec un képi, car il faut savoir que ces Français libres couvraient la totalité de l’échiquier politique français de l’époque, de Pierre Mendès-France à Daniel Cordier, en passant par René Cassin, Henri Laugier et tant d’autres (…) 

      Ce projet porté à Orléans a été plus que bien reçu. Je tiens à remercier l’équipe pour son travail, les nombreux contributeurs, M. le maire d’Orléans et M. le président du Conseil départemental car leur soutien ne nous a pas manqué. Ce 8 mai, à Orléans, ville de Jeanne d’Arc, était une excellente opportunité de rapprocher deux figures qui, isolées, presque solitaires, ont refusé, se sont levées et ont gagné. »

      « Ce geste individuel, engageant un mouvement collectif, fait à présent bloc dans la pierre et le bronze » - Mathieu Gaudric, sculpteur et auteur de l’œuvre L’Appel

      « Nous avons tous, quelque part, au creux de notre mémoire, l’Appel du 18 Juin lancé par le Général de Gaulle. Cet homme tout seul, dans sa faiblesse absolue, à Londres, disant non aux plus grandes puissances du monde ; non à l’écrasement, non à la capitulation comme le racontait l’écrivain Romain Gary. Mais c’est quoi dire non dans un tel contexte ? 

      C’est refuser la tyrannie, c’est défense la liberté, c’est se battre pour son pays. C’est, par ce geste, être forcé à l’exil et condamné à mort pour insubordination. C’est cette dimension humaine qui m’a profondément touchée lorsque a débuté ma réflexion. Et c’est ainsi que j’ai voulu représenter l’homme du 18 Juin, dans l’attitude résolue de celui qui se dresse face au tragique de l’Histoire. Où l’homme, par sa seule présence, l’emporte sur tout autre schéma de représentation. 

      Son képi à la main nous rappelle qu’il s’adresse à tous, militaires et civils, femmes et hommes, épris de liberté et animés des mêmes convictions. Nous suivons alors son regard tourné vers la ville d’Orléans et par-delà l’horizon. Et déjà un mouvement s’amorce. L’Appel est lancé, auquel vont répondre les 182 Orléanaises et Orléanais engagés dans la France libre, symbolisés ici par une onde radiophonique dont le mouvement circulaire ne cesse de se propager. 

      Ce geste individuel, engageant un mouvement collectif, fait à présent bloc dans la pierre et le bronze. Je tiens à remercier pour sa confiance continue, Monsieur le maire d’Orléans, Serge Grouard, et avec lui, le président de la Fondation de la France libre, le général Robert Bresse, qui m’ont permis de l’ériger. Je remercie également messieurs Benoît Gayet, Etienne Jacheet et Laurent Laloup, pour l’impulsion qu’ils ont donné à ce projet et leur coopération salutaire pour le mener à terme (…) Je remercie mon ami Sébastien Gadenne pour le moulage de la sculpture en plâtre, la fonderie Rosini pour sa traduction en bronze et l’architecte Alan Dequenoy qui signe avec moi ce monument. En tout, une trentaine de personnes auront œuvré à sa réalisation. »