11 ans après « La Guerre des boutons », on vous retrouve avec la nouvelle adaptation d’une bande dessinée, « La Guerre des Lulus », dans une histoire à hauteur d’enfants. Qu’est-ce qui vous a motivé à faire ce projet ?
Yann Samuell (réalisateur) : Quand le producteur du film m’a contacté en me disant : « j’ai une BD à te faire lire qui s’appelle La Guerre des Lulus », je lui ai un peu ri au nez en lui répondant du tac au tac : « tu sais très bien que je n’ai plus trop envie de faire des films avec des enfants - ce qui était faux - et puis quoi on change juste un mot dans le titre, je l’ai déjà fait ce film-là ! » Il a souri et m’a dit : « lis-le, on en reparle ! ». Je l’ai lu et effectivement j’ai été bouleversé par toutes les valeurs que véhicule la bande dessinée qui sont extrêmement contemporaines et par ces thèmes qui sont essentiels par les temps qui courent, comme le fait de tendre la main vers l’autre, de ne pas avoir peur des différences, d’abolir les frontières, de se construire ensemble et non pas les uns contre les autres. J’aimais aussi beaucoup l’idée de ces enfants qui, bien qu’orphelins et n’ayant rien au début de l’histoire, vont se construire au fur et à mesure alors que le monde est en train de se détruire. Ils vont s’épanouir et faire le chemin inverse du monde qui les entoure. C’est un film très porteur d’espoir. Et très drôle aussi !
Justement, est-ce que c’est compliqué de mêler l’humour à l’horreur de la guerre ?
Yann Samuell (réalisateur) : Moi je ne trouve pas. C’est pour cela que cette histoire ne pouvait être vue qu’à travers des yeux d’enfants. Ils ont cette résilience et cette capacité à se réinventer en permanence. On le constate dans le film, ils vivent des moments terribles et au bout de dix minutes quand ils en ont l’occasion, ils vont vouloir faire une bataille d’eau ou manger des glaces en courant dans le jardin. Ils ont cette capacité à saisir l’instant au moment où cela se présente.
Comment s’est fait le casting des enfants qui occupent une place prépondérante dans le film ?
Yann Samuell (réalisateur) : J’ai une équipe avec qui je travaille qui est spécialisée dans les castings d’enfants. J’ai passé le scénario à la directrice du casting et elle l’a adoré. Elle a passé une annonce et reçu 6000 candidatures !
Mathys Gros (comédien) : La directrice nous a fait passer des tests filmés. Ensuite, au cours d’un deuxième casting - avec moins de candidats - on est allés plus loin, avec Yann, dans la recherche d’émotion, la perception du texte et de nos personnages.
Yann Samuell (réalisateur) : Pour quasiment tous à part Mathys (qui a joué dans Ducobu 3), il s’agissait d’un premier rôle au cinéma. C’est là toute la difficulté. J’ai demandé à ces enfants, même si certains avaient fait du théâtre amateur, de tenir un personnage pendant 4 mois non-stop, dans des conditions très compliquées, avec un contexte éprouvant, celui d’une guerre, et des explosions autour d’eux. Ils devaient conserver leur droit fil, leur candeur, leur imagination, quelles que soient la durée et la difficulté du tournage. Il fallait qu’on s’entende bien humainement. Tout commence par là. Je voulais que cette fratrie fonctionne très bien. Je les ai tous convoqués une première fois à Paris, sans les parents ce qui était très bien (rires). On a mangé des croissants et on s’est tous installés par terre, en cercle, et chacun a expliqué pourquoi il avait envie de faire ce film. Après ce petit tour de table, on a fait un break et là j’ai observé un véritable groupe. C’était comme si tous les cinq se connaissaient depuis la maternelle. C’était magique de se dire : « l’instinct est bon ».
Mathys Gros (comédien) : Cela s’est fait naturellement, spontanément. Ce premier jour, on s’est mis à rigoler, à s’amuser. On devait danser ensemble et il n’y avait pas d’enfant mal à l’aise. On a dû crier aussi, chanter. Pour ma part, je n’ai pas eu honte ce qui peut m’arriver parfois dans certains cours de théâtre. C’était instinctif, on est devenus amis.